Fondation et rayonnement
Pendant trois quarts de siècle, une colline avoisinant les Buttes Chaumont abrita une église luthérienne allemande, construite vers 1850 par le pasteur Fr. von Bodelschwing, pour desservir les travailleurs allemands de la région parisienne. Après la première guerre mondiale, cette propriété fut mise en vente par le gouvernement français alors que se constituaient en France des communautés orthodoxes, composées de fidèles russes chassés de leur patrie par la Révolution de 1917. Le métropolite Euloge (Gueorguievsky), leur chef spirituel, était à la recherche d’une église, pouvant servir à la fois de lieu de culte et de séminaire théologique destiné à préparer les futurs prêtres de son diocèse.
Grâce à un extraordinaire élan d’entraide, où des donateurs importants, comme le Dr John Mott, aidèrent à trouver les fonds nécessaires, l’acquisition de l’église et de ses dépendances put être réalisée le 18 juillet 1924, jour de la fête de saint Serge de Radonège. Inspiré par cette coïncidence providentielle, le métropolite Euloge décida de placer la nouvelle fondation sous le patronage de saint Serge.
Dès le début, le métropolite Euloge s’assura la collaboration d’une équipe de professeurs, théologiens et penseurs religieux de renom. Parmi eux, l’archiprêtre Serge Boulgakov (+1944), auteur de nombreux ouvrages théologiques, les historiens Antoine Kartachev (+1961) et Georges Fedotov (+1948), les philosophes Boris Vycheslavtsev (+1950) et l’archiprêtre Basile Zenkovsky (+1962), l’archiprêtre Georges Florovsky (+1979), pionnier de la néopatristique orthodoxe et du mouvement œcuménique, l’archimandrite Cyprien Kern (+1960), patrologue et liturgiste, l’archiprêtre Nicolas Afanassieff, professeur de droit canonique, l’exégète néo-testamentaire Mgr Cassien Bézobrazov (+1965) et Léon Zander (+1964), autre pionnier du mouvement œcuménique. Tous ces noms restent un témoignage vivant de la science théologique et de la pensée religieuse ; leurs travaux ont largement contribué à faire connaître l’Orthodoxie au monde occidental.
Peu avant la 2e guerre mondiale, l’Institut Saint-Serge reçut le droit de conférer les grades de maître et de docteur en théologie. Dès ses débuts, l’Institut prit une grande part au mouvement œcuménique naissant qui aboutit à la fondation du Conseil Œcuménique des Églises, avec lequel il reste en collaboration constante dans les domaines variés de ses activités. Depuis 1953, l’Institut organise annuellement une « Semaine d’Etudes Liturgiques » à laquelle participent de nombreux spécialistes de la science liturgique appartenant aux diverses confessions chrétiennes. Après le Concile de Vatican II, auquel l’Institut envoya des observateurs, les professeurs de Saint-Serge ont été invités à participer à l’enseignement de l’Institut Supérieur d’Etudes Œcuméniques de Paris (Institut Catholique de Paris). Destiné initialement à former des prêtres orthodoxes pour les communautés russes de la diaspora, Saint-Serge est devenu une pépinière religieuse et spirituelle d’où sont sorties des centaines de prêtres, d’évêques et de théologiens, servant dans la plupart des pays où l’Orthodoxie est implantée.